Le Canada d'Est en Ouest

vendredi, septembre 08, 2006

Les Haïdas, des survivants



Je n’en pas vu d’autochtones, ou alors, je ne les ai pas reconnus. Je suis sûre d’en voir au musée d’anthropologie. Quand la culture est rangée dans ce genre de tiroir, ce n’est pas forcément bon signe. Les Haïdas, un des peuples indiens de la côte pacifique nord qui vit sur les îles de la Reine-Charlotte, ont perdu 90% des leurs entre la fin du 19e et le début du 20e siècle. Décimés en grande partie par la varicelle importée par les Européens. La guerre bactériologique n’est pas qu’un fantasme du présent.

Mais les Haïdas ont survécu, leur art aussi. Miraculeusement. Il s’en est fallu de peu pour que l’un et l’autre aient à nouveau besoin d’un corbeau. La légende du corbeau et des premiers hommes des Haïdas, c’est l’histoire d’Adam et Eve pour les Chrétiens. C’est leur mythe du commencement. C’est aussi la sculpture la plus célèbre de l’artiste haïda Bill Reid qui trône sous la rotonde du musée d’anthropologie. Je résume : après le déluge, un corbeau se promène sur la plage de Rose Spit, sur l’île de la Reine-Charlotte. Le corbeau s’ennuie ferme, il est à l’affût de chaque bruit qui pourrait lui faire penser qu’il n’est pas seul sur son bout de terre. Il entend un truc, se penche et découvre à ses pieds une coquille de palourde. A l’intérieur, il y a les premiers hommes. Les Indiens Haïdas.

Des Indiens divisés en deux clans, les corbeaux et les aigles. Ce ne sont pas Les rivaux de Painful Gulch. Pas besoin de Lucky Luke pour réconcilier les grandes oreilles des O'Hara et les gros nez des O'Timmins. Les Haïdas se marient dans le clan d’en face. Ça doit avoir quelque chose à voir avec le tabou de l’inceste. Une culture matriliénaire : les Haïdas sont rattachés au clan de leur mère. Mais on pourrait presque dire que tous les Indiens de la côte pacifique nord sont rattachés à la même mer.