Bienvenue chez Denis et Johanne

Je sirote mon vin avec Denis et Johanne. Et je retrouve, le temps d’une soirée, des gens comme moi. Des Québécois qui cherchent aussi des centre-ville plutôt que des shopping malls et dorment dans leur van. Partis de Québec en juillet, ils y retourneront à Noël pour repartir en Europe en janvier. Peut-être l’Afrique du Nord avant… Ils ont un an pour voyager. On n’a pas tout à fait le même trajet dans les pattes. Ils sont allés jusqu’à Whitehorse, dans le Yukon. En sont repartis plus vite que prévu à cause de la pluie. Sur le van, il y a un canoë et des vélos accrochés au derrière. Denis et Johanne sont des routards. Ils me montrent leur aménagement intérieur, les casiers pour les glacières et les ustensiles de cuisine, les deux trous pour dormir. Au Canada, ils n’ont jamais eu de problèmes en dormant dans leur voiture. Aux Etats-Unis, c’est une autre histoire. A New York, ils s’étaient garés sur le parking d’une école de réforme, pour les délinquants, d’où ils se sont faits virer en pleine nuit. Les flics ricains sont moins cool que les Canadiens. A Los Angeles aussi, c’est même pas la peine d’y penser : les gens appellent la police quand ils voient des étrangers dormir dans « leur rue ».

J’explique à Denis et Johanne mes atuces : comment je replis les sièges, comment j’installe mon matelas du surplus de l’armée canadienne en diagonale, comment je me fais un nid au fond du coffre… « Et t’as déjà pensé à postuler au Cirque du soleil comme contorsionniste? », me lance Denis en se marrant.

Derrière nous, le soleil se couche. Je suis bien avec ces gens qui parlent français, sur un parking silencieux. Tellement bien que je dors jusqu’à 8h le lendemain. A moins que ce soit le vin ?