A la chasse aux baleines

En arrivant pourtant, on ne voit que ça, de l’eau tout autour. Une des attractions de Tofino, c’est la chasse (photographique) à la baleine. Le ciel s’est éclairci. Je m’embarque sur un zodiac avec huit autres personnes. On nous file des combinaisons orange dotées de flotteurs. J’ai l’impression de partir avec Tintin dans la fusée d’Objectif Lune. Mais on reste sur terre. Enfin presque. On file à toute vitesse sur l’eau, on serpente entre les îles disséminées dans la baie. On ralentit quand on s’approche du spot des baleines grises. On aperçoit, rapidement, un dos, une queue, pas grand chose.

D’autres bateaux guettent, comme nous, la moindre apparition. Je n’essaie même pas de prendre une photo. Trop loin, trop peu, trop rien. Mon voisin est concentré sur l’océan, son gros zoom 210 dans la main. Il s’impatiente, regarde sa montre. Je n’ose pas lui dire que les baleines, moi, je m’en fous, que d’être là, bercée par les flots, ça me suffit. Ce n’est pas comme le cargo. Ici, je ne domine rien, je suis au ras de l’eau, je sens les creux de la houle. J’adore. J’ai un sourire, celui qui va jusqu’aux oreilles. Mon voisin doit me trouver débile.