De cadre supérieur à ouvrier

Tony passe la journée sur une échelle à peindre le garage. Il y a encore quelques années, il gérait les approvisionnements en bois d’une usine de papier de Vancouver. Un poste à responsabilités comme on dit, une vie de cadre supérieur stressé. Aujourd’hui, il assure de temps en temps les taches de « mariage commissioner » pour la province : il marie les gens où ça leur chante, sur un bateau en mer, dans leur salon. Un couple a même demandé un mariage lors d’un saut en parachute !
Mais Tony est aujourd’hui ouvrier d’entretien. Il fixe, répare, tond, taille, coupe tout ce qui se trouve sur la propriété de l’élevage. Et il adore son travail, l’absence de stress, la proximité avec la nature. Je ne connais pas grand monde en France qui ferait ce « grand bond en avant » sans y être forcé. Mais je suis loin de la France, de ses hiérarchies pesantes, de sa séparation maladive entre intellectuels et manuels. Ici, il n’y a pas (ou il y a moins) ce mépris social si vivace en France. C’est un des aspects les plus agréables de la société nord-américaine.