Le Canada d'Est en Ouest

mardi, juillet 25, 2006

"Neighbourhood watch"

Je lunche à l’ombre d’un arbre dans une rue résidentielle. Sous les yeux d’une vieille qui ne cessera pas de me mater tout le long du picnic. Je prends mon temps, m’asseois sur l’herbe, sors mon tupperware. « Neighbourhood watch ». Un panneau censé faire fuir les voleurs indique que les gens du quartier surveillent mutuellement leurs maisons: au lieu de me rassurer, ça me fait flipper. L’impression que quiconque sors du moule de la banlieue résidentielle est suspect. Suis-je suspecte, moi, avec mes carottes bio et mon roastbeef en promo ? Sans doute.

Je trouve refuge dans le centre franco-ontarien de folklore. Architecturalement, ça ressemble à un centre socio-culturel français qui aurait mal vieilli. A l’intérieur, c’est un musée et un centre de documentation consacrés à la préservation du patrimoine des francophones de l’Ontario. Un centre créé par un religieux, le père Lemieux, originaire de Gaspésie au Québec, qui a passé 40 ans de sa vie à collecter contes et chants populaires des Franco-Ontariens. Les Canadiens-Français qui sont arrivés là en masse au 19e siècle étaient des bûcherons. Des tableaux d’un peintre amateur pas très bon décrivent leur travail et mode de vie. Une lettre de 1937, d’une femme à son bûcheron de mari : «Mon cher mari, comme je te manque. Les trois petits aussi… » I miss you, tu me manques. L’influence anglophone se fait déjà sentir à l’époque dans le langage.