Le Canada d'Est en Ouest

samedi, septembre 30, 2006

Dans les salons de la haute société de Regina



Regina est fière de ses vieux bâtiments. Il y en a quelques-uns dans le centre-ville. Dans un pays à l’histoire aussi récente, tout ce qui remonte avant le 20e siècle est chéri comme le trésor d’un passé lointain. Le Government House par exemple, la maison du lieutenant-gouverneur, représentant de la reine d’Angleterre dans les Territoires du Nord-Ouest, a été construite en 1891. L’actuel, qui représente le reine dans le Saskatchewan n’occupe qu’une petite partie du bâtiment en briques. L’autre partie a été transformée en musée. A l’intérieur, c’est comme dans un film anglais. J’attends presque une apparition d’Anthony Hopkins en tenue de majordome. Mais je ne suis pas dans les vestiges d’un jour. Je suis à des milliers de kilomètres, dans les vestiges de la haute société de Regina au tournant des 19e et 20e siècles.

Anne-Lise déboule dans des vêtements d’époque. Elle est guide, complètement bilingue (sa mère est française d’origine). Elle est toute excitée que je sois venue me perdre dans son royaume. J’ai droit à une visite en français pour moi toute seule. J’apprends qu’un perroquet francophone pérorait dans le bureau du représentant de la Couronne britannique à la fin du 19e siècle, que la salle de billard était interdite aux femmes -les hommes y parlaient politique et affaires « sérieuses » en fumant le cigare et en buvant du cognac-, que les repas duraient entre deux et quatre heures, mais que les femmes, serrées dans leurs corsets, ne pouvaient de toute façon avaler qu’une bouchée de chaque plat. « A l’époque, j’aurais préféré être une femme pauvre », glisse Anne-Lise. Moi, j’aurais préféré être un homme riche. Dans les salons du Government House, je suis en tout cas très loin du wild wild West.