Le Canada d'Est en Ouest

mercredi, août 02, 2006

Batoche, la bataille perdue des Métis


Malgré la fondation du Manitoba, l’arrivée des colons anglophones de l’Ontario et des Européens a poussé les Métis jusqu’au Saskatchewan. On est à la fin du 19e siècle. Louis Riel, le chef de la révolte de 1869, est en exil au Montana, aux Etats-Unis. Quinze ans plus tard, c’est là qu’une délégation de Métis du Saskatchewan vient le chercher. Ils veulent faire valoir leurs droits devant le tribunal. Car Louis Riel est un leader instruit, qui a été à l’école au Québec. Pas un chef de guerre. Pour ce que j’ai pu en apprendre, c’est même plutôt un illuminé qui a attendu jusqu’à la dernière minute le soutien de Dieu lors de la dernière bataille des Métis à Batoche.

Les soldats britanniques ont eu raison des 300 rebelles regroupés dans ce village de la vallée des rivières Saskatchewan. Et Louis Riel, qui a incité ses troupes à se rendre, a été pendu à Regina, la capitale du Saskatchewan, en 1885. Pour trahison.

Batoche. Un parc national du Canada aujourd’hui. Du village, il ne reste que la vieille église en bois rénovée, quelques fondations de maisons. Et le cimetière. Une croix en bois marque la fosse commune où ont été enterré les Métis tombés pendant la bataille. Qui sont-ils aujourd’hui ?

La réponse n’est pas évidente. Quiconque a, dans ses ancêtres, un Blanc et une Indienne peut se réclamer de l’appellation. Jocelyne, guide au parc de Batoche, pourrait se dire Métis. Sa grand-mère paternelle l’était. «Mais trois générations, c’est trop loin de moi pour dire que je suis Métis. » Dans sa famille, il y avait des restes : le fait de parler français notamment. Une langue qu’elle a abandonnée adolescente. « A l’école, on était ridiculisés. Je me chicanais avec ma mère à cause de ça. Ça m’a pris 40 ans pour réapprendre le français. Je le pratique depuis que travaille au parc national. »