Zoro contre Night

Dans la grange, la radio joue de la country. Des cow-boys s’enthousiasment ou se lamentent sur leurs girl-friends en finissant leurs couplets par des « Amen ». C’est nul à chier.

Une bataille s’engage entre Heather et Morris pour baptiser le nouveau cheval de Morris. L’une veut Zoro, l’autre veut Night. Ce sera un peu les deux, dépendant de qui l’appelle. En attendant, c’est « spinny » (« tourne-en-rond »). Car le cheval, attaché par une lanière, ne peut avancer qu’en faisant des cercles. Morris ne murmure pas à l’oreille des chevaux. Il n’a pas le physique de Robert Redford. Mais le rancher n’est pas adepte pour autant de la méthode brutale. Contre-productif. « Tu obtiens plus avec une cuillère de chocolat qu’avec une cuillère de vinaigre. S’il se blesse, il se blessera tout seul. C’est comme ça qu’il va apprendre ce que j’attends de lui. »

En fin d’après-midi, Spinny s’est calmé. Il marche droit. Moi aussi, je passe une heure à shampouiner Spike et Pride, l’équipe de chevaux belges qui tire la cariole de MP Stables.

Le soir, on a des saucisses et des raviolis cuits avec du bacon et des oignons. « Un plat ukrainien », me dit Evelyn. La bouffe se maintient plus sûrement que la langue.