Le Canada d'Est en Ouest

mardi, septembre 19, 2006

Les règles de politesse canadiennes


Je suppose qu’il faut voir Calgary en juillet pendant le Stampede, le plus grand rodéo du Canada. En septembre, Calgary a son étiquette ordinaire, celle du siège de l’industrie pétrolière canadienne. La capitale de l’or noir, avec ses tours Chevron ou Husky. Des gratte-ciel tentant de toucher un ciel si bas qu’un canal pourrait s’y perdre.

Je prends un lit à l’AJ et un sandwich au poulet au Subway, sur la 8e avenue. Je demande l’heure et me retrouve embarquée à la table d’un Calgarien (?) . « From France ! Hey guys, this lady’s from France. » Le type derrière le comptoir n’en a rien à cirer et je le comprends. Pas Todd, account manager de Western Petroleum Management. Il est jovial, un peu dégarni, commence à bedonner. Il me dit qu’il est en pleine « mid-life crisis », la crise de la quarantaine. J’observe pour la énième fois un phénomène très nord-américain : la facilité qu’ont les gens à parler à d’autres gens qu’ils ne connaissent pas et, la plupart du temps, qu’ils ne connaîtront jamais vraiment.

Pour une Française comme moi, ça a quelque chose de sympathique, mais qui semble aussi forcé, comme une règle de politesse à respecter. Il y a parfois une certaine formalité dans ces échanges qui paraissent informels : on échange deux ou trois banalités, puis chacun se lève, tend la main vers l’autre en disant son nom, suivi en général d’un « nice to meet you ». On peut très bien en rester là et chacun replonger dans son bouquin !

Ou comme Todd, faire défiler sa vie. En trente minutes, j’ai droit à toute une séquence nostalgie. Todd aurait voulu être écrivain, écrire des chansons notamment. Il me parle de New York, de l’époque de Greenwich Village, des hippies… Bref, un monde très éloigné de sa vie actuelle. « Ici, il n’y a pas grand chose d’intéressant : il n’y a que des trentenaires qui se font un paquet de pognon. Les gens préfèrent rester dans leurs maisons en banlieue. A part le week-end, le centre-ville est désert le soir.»