Le Canada d'Est en Ouest

vendredi, août 18, 2006

Le lac Agnès attire la foule sur les sentiers



J’y monte seule à 8h30 du matin, suivie au loin par un couple. J’ai deux pierres dans les mains pour manifester ma présence. « C’est un des endroits en Amérique du Nord où cohabitent le plus les ours et les humains », dit un panneau. Des femelles grizzlis s’y baladent notamment. Mais tout est calme. Sur le chemin, je ne vois qu’un écureuil. Quand je redescends deux heures plus tard, je n’ai plus besoin de mes cailloux. Je crois l’inventaire à la Prévert : des sportifs, tête baissée, qui marchent au pas cadencé, un baton dans chaque main, concentrés ; des citadines vêtues de fringues et lunettes de soleil top tendance qui papottent en chemin, des instits qui donnent des leçons de géologie à leurs rejetons, des feignants qui montent à cheval, des gros qui suent… Il est presque midi. En bas, ça bouchonne.

« L’alpinisme est un sport d’intellectuels nécessitant une certaine mesure d’imagination poétique », a dit Wheeler, co-fondateur du Club alpin du Canada. Arpenteur géomètre, il a été le premier à dresser un relevé topographique précis des Rocheuses en 1913. Un siècle plus tard, la poésie est toujours là. Mais à certaines heures seulement.

Je mange un « bison burger » chez Bill Peyto au rez-de-chaussée et m’affale sur le canapé de l’auberge de jeunesse au premier étage. Un vrai moulin, spatieux et confortable, considéré comme l’un des meilleurs établissements du genre. Je n’ose quand même pas y prendre ma douche.